Labomedia participate à la table ronde du vendredi 10 janvier des rencontres du réseau national « Passeurs d’images » à la maison des métallos à Paris.
Cette table ronde a pour thématique : « JUST DO IT YOURSELF : pratiques créatives et réception à l’ère numérique »
La « révolution numérique » aurait démocratisé le do it yourself et favorisé l’émergence de nouveaux espaces de création. Ces évolutions ont-elles renouvelé notre rapport aux images et à l’éducation à l’image ? Comment envisager codes et algorithmes dans la naissance d’œuvres « originales » ?
L’accès facilité aux images (téléchargement, streaming, sites hébergeant des vidéos) change-t-il le regard que nous portons sur elles ? Si « tout » est accessible, quelles formes l’éducation à l’image devrait-elle investir ? La collusion entre image analogique et image numérique transforme-t-elle notre réception ?
Table ronde animée par Léonor GRASER, Sociologue, Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3, Cerlis. Grands témoins : Michaël BORRAS aka SYSTAIME, Artiste du multimédia et des réseaux, Benjamin CADON, Responsable de Labomedia, Anthony MASURE, Docteur en design des programmes, Thierry MBAYE, Porteur de projet m.e.u.h lab (association Chtinux), Jacques PERCONTE, Réalisateur et plasticien, Douglas Edric STANLEY, Artiste, professeur d’arts numériques, école supérieure d’art Aix-en-Provence.
Le programme complet des rencontres qui se déroulent du 9 au 11 janvier
Contribution de Labomedia à la revue papier du réseau :
Mediahackerfablabspace = création + transmission ?
Ces lieux, qu’ils s’appellent medialab, fablab, ou hackerspace, recouvrent une diversité de pratiques et d’approches autour d’un usage créatif de la technologie. Ils peuvent idéalement se caractériser par un socle de valeurs communes : l’envie d’une appropriation technologique pour le bien commun, la culture du partage, de l’échange, du « faire soi-même » (le « DIY »), de l’expérimentation. Dans cette diversité de pratiques, on peut considérer très approximativement qu’un medialab travaille plutôt avec des outils électroniques et numériques, un fablab avec des machines-outils numériques, un hackerspace avec le détournement technologique, entre éducation populaire et création artistique, invention sociale et développement économique. Ces espaces fleurissent progressivement à la ville comme à la campagne et impliquent des dynamiques collectives où se mélangent professionnels et amateurs passionnées, candides et spécialistes. Que se fabrique t-il dans ces lieux ? Certainement du lien social, du partage de savoirs, de l’échange culturel et de la création artistique, du « hasard heureux » si compliqué à faire pousser. Le fablab et son emblématique imprimante 3D ouvre à la fois la porte à des personnes enclines à des créations d’objets physiques plus que numériques et à d’encore hypothétiques nouvelles formes plus « courte » et « durable » de production-consommation, qu’il s’agisse de biens culturels ou d’objets de la vie courante.
La réponse est donc oui à la question « Mediahackerfablabspace = création + transmission ? » concernant l’association orléanaise Labomedia qui évolue depuis 1999 dans ce champ flou des arts et cultures numériques, avec pour ambition de départ de croiser pédagogie et artistique, de constituer un lieu ressource. Partant des premières problématiques d’appréhension du web et des outils multimedia, le projet s’enrichit de résidences d’artistes, de participation à des projets européens autour de l’éducation au multimedia, de travaux de recherche et développement et plus récemment d’un fablab, « l’atelier du c01n » orienté vers la création artistique et artisanale, l’échange de savoirs et la (ré)appropriation technologique … le tout sur un régime allègrement précaire car peu lu et soutenu par les partenaires publics. Au gré des projets, à l’instar de l’usage désormais transversal aux disciplines artistiques du « numérique », des collaborations se nouent tantôt sur une scène de concert pour illustrer visuellement un concert rendu accessible à des personnes malentendantes, dans un espace d’exposition pour conférer une forme d’interaction à une installation, autour d’un dispositif de projection nécessitant effets spéciaux « temps réels ». Au gré des années, des dispositifs audiovisuels éventuellement interactifs, des objets éventuellement connectés ont été fabriqués au sein de Labomedia, l’atelier du c01n permettant d’amplifier les possibilités de fabrication, prototypage, essais, qu’ils s’agisse de créations en volume, de circuits électroniques artisanaux, de matériels réformés « upcyclés », ou encore d’objets ludiques et pédagogiques. Tout cela est fertilisé par des rencontres, des croisements de réseaux, un principe d’échange selon la recette des logiciels libres, l’implication d’humains et de machines.