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Septembre 2021 : Diane T et Annlor en résidence à la Labomedia

Publié dans : Creations

Dans le cadre de Human Tech Days et du festival écofeministe « Réinventer son monde », Diane T et Annlor ont été invitées au 108 par la Labomedia pendant 1 mois pour continuer leurs recherches respectivement autour des encres végétales / biologiques et des plantes abortives / contraceptives.

Diane a monté un atelier de biologie dans le « placard du Credo » et Annlor a installé sa serre et ses plantes abortives et contraceptives dans l’atelier « B7 »

Diane T

Après une thèse en Biologie cellulaire et moléculaire, Diane Trouillet explore en tant qu’artiste chercheuse, l’interface entre la Science, l’Art et les techniques. Elle questionne la place du vivant dans notre société et la construction de l’image face à la propagande de l’innovation. En développant ses propres médiums vivants, elle expérimente d’autres supports artistiques. Les formes résultantes convoquent l’art éphémère, et travaillent par elles-­mêmes, se transforment de façon aléatoire et échappent au contrôle.

cueillette
Prélèvements sur le site en friche de l’hôpital Madelaine désaffecté depuis quelques années

A(r)bor(e)tum

quelques plantes abortives en pot

Installation protéiforme, work in progress depuis mars 2020.
Plantes abortives, boutures et semis, serre, néons, leds horticoles, table de recherche, fanzines.
Purin d’ortie, de consoude, de prêle, hormone de bouturage (eau de saule), savon noir.
Immense remerciement à Monique Forestier et Fred Blondeau pour leurs conseils et leurs généreuses contributions.

 

A(r)bor(e)tum  est une recherche artistique autour de la contraception et l’avortement  végétal.

Les plantes sont nos alliées, depuis des temps immémoriaux, pour nous soigner ou nous alimenter.
Elles sont également utilisées pour leurs vertus contraceptives ou abortives par des hommes et des femmes. Les plantes sont capables de  de provoquer les règles, favoriser les contractions, éviter l’implantation de l’embryon, inhiber la capacité fécondante des spermatozoïdes ou générer une azoospermie réversible​.
À partir de recherches s’appuyant au départ sur la thèse : Les plantes réputées abortives dans les pratiques traditionnelles d’avortement au Maroc, soutenue par Meryem El Fennouni et sur L’encyclopédie d’utovie : inventaire des plantes abortives, j’ai choisi de cultiver sous serre et leds horticoles, une vingtaine de plantes en fonction de leurs besoins climatiques et de la pluralité de leurs propriétés thérapeutiques.

A(r)bor(e)tum est né et s’est développé sous la forme d’une serre lors de l’exposition Sauvageonnes !  (mars & septembre 2020). Pendant l’exposition Frontière(s)  (octobre 2020) une table de recherche dédiée à la gynécologie naturelle et à la contraception végétale présentait divers ouvrages et une banque de dons de 6 espèces de graines invitait le public à se servir pour les disséminer où il le souhaite.
Aujourd’hui A(r)bor(e)tum c’est une vingtaine de plantes en croissance exposées au public, une centaine de boutures redistribuées et de graines données.

Ce projet interactif, collaboratif et multiforme a pour ambition de proposer d’ici 2 ans:
>> une SERRE connectée et automatisée, pour cultiver sous tout type de latitude semis, boutures et plantes.
>> un LABORATOIRE de transformation de plantes issues de la serre.
>> une BIBLIOTHÈQUE dédiée à la naturopathie gynécologique, la contraception masculine, la permaculture, la contraception végétale… présente différents livres et fanzines consultables sur place, pendant l’exposition.
>> une BANQUE de DON de GRAINES constituée au fil de la temporalité et de la croissance de chaque plante. La banque de don de graines accompagne la serre lors des expositions, et propose aux visiteurs de se servir et les disséminer où bon leur semble.
>> une COLLECTE DE RECETTES mondiale autour des usages traditionnels liés aux plantes anticonceptionnelles
>> un SITE WEB dédié au projet proposant toute la documentation utile pour reproduire l’installation : plan de la serre & programmation informatique, conditions optimales de croissance de chaque plante, recettes  gynécologiques et thérapeutiques des plantes….

A(r)bor(e)tum  propose de s’émanciper de la toute puissance des lobbys pharmaceutiques, en se reconnectant à nos corps et nos savoirs ancestraux. C’est une alternative à la médicalisation hormonale, une invitation à prendre notre santé en main, à devenir plus autonome en redécouvrant la puissance des plantes.
Stratégie de résistance face au tout brevetable, ce projet est réalisé sous licence creative commons, afin d’être reproduit par celles et​ ceux qui le souhaitent​. La multiplication végétative : bouture, division par touffes ou le troc de plantes et de graines sont privilégiés à l’achat de plants.
A(r)bor(e)tum constitue également une réponse aux nombreux législateurs qui veulent réguler notre droit de choisir et nous interdire de disposer librement de nos corps, comme récemment en Alabama, en Pologne, ou lors de la Déclaration du Consensus de Genève, une initiative menée fin octobre, par le gouvernement Trump, où 32 pays ont pris une position commune anti ivg.

– CAHIER DE RECHERCHE

Avant de débuter A(r)bor(e)tum, je n’avais absolument aucune connaissance en botanique. Les seuls compagnons végétaux qui partageaient mon espace de vie et mes déménagements étaient quelques cactus hérités de ma grand-mère et un jasmin.
Passionnée par ce projet, soucieuse de prendre soin des plants généreusement offerts pour l’exposition Sauvageonnes ! de mars, par Monique Forestier et Fred Blondeau, producteurs de simples, j’ai eu la chance d’être accueillie en compagnie de ces jeunes plants, à la campagne, dans un collectif artistique pendant le premier confinement.

En arpentant les bois alentour, en observant les végétaux croître, en cherchant des solutions pour prévenir les invasions d’insectes voraces, en me documentant sur des sites dédiés à la permaculture, en loupant mes boutures de laurier rose, en résolvant les échecs grâce aux discussions avec mes voisin.e.s féru.e.s de jardinage, mes compétences se sont développées petit à petit.

En espace fermé les plantes sont plus fragiles et sont régulièrement attaquées par tout un tas de parasites : cicadelle, cochenille, pucerons, … À chaque attaque, la défense appropriée est à trouver. J’ai donc expérimentée diverses solutions : purin d’ortie, purin de consoude, purin de lavande, savon noir … avec plus ou moins de réussite.

Les semis de Daucus Carota ont poussé, les plantes se sont développées, certaines boutures sont mortes. Un plant de Senecio Vulgaris (sénéçon) prélevé dans la forêt, une Agave Americana et ses drageons sauvés de la voracité des fourmis, une Salvia Officinalis (sauge), une Ruta (rue) et un Petroselium (persil) offerts par des artistes du collectif ont rejoint la serre.

Au fil de discussions réelles ou virtuelles, une collecte de recettes thérapeutiques à base des plantes de la serre se constitue.

SOURCE : http://annlorcodina.com/works/arboretum/